Introduction
De Trajectus à Trith
L’Escaut est la colonne vertébrale de Trith-Saint-Léger. C’est sur ses berges que tout a commencé. Trith-Saint-Léger, Utrech, Maastricht ont la même étymologie.“Trajectus” de trajectoire. (Trajectus, passage de cours d’eau).
Au Mont Houy, une colline qui surplombe l’Escaut, à l’endroit même où sont posés les rails du tramway du 21 ème siècle, étaient cantonnées les armées de Jules César. Si les traces du passé antique et médiéval sont peu nombreuses, l’Abbaye de Fontenelle constitue néanmoins, à la limite territoriale de la commune, un héritage archéologique digne d’intérêt.
En 1170, le village établi sur les deux rives de l’Escaut s’appelait Pont de Trith, ancien mot tudesque* que l’on retrouve encore dans les noms d’Utrech et de Maastricht et qui indiquait le vieux passage établi sur l’Escaut. Un vieux pont recevait un chemin descendant de Famars et remontant directement vers le hameau que Saint-Léger dota de son nom en commémoration du martyr qu’il y souffrit. Ce passage important se trouvait défendu par une forteresse qu’occupaient de puissants seigneurs. Parmi eux, le célèbre Renier-de-Trith qui participa aux croisades de Constantinople. C’est pour ces hauts faits d’armes en Orient que les descendants de Renier-de-Trith portèrent dans leurs armoiries “un croissant de gueule dans un champ d’argent”.
Une étape de batellerie sur l’Escaut
L’Escaut devenait certainement plus navigable aux environs de Trith puisque la forme de son lit passait en quelque sorte du V au U. Trith, comme il est dit précédemment, vient de Trajectus (passage d’un cours d’eau). C’est au XI ème siècle qu’il est fait mention de Trith dont les seigneurs étaient pairs du Comté de Valenciennes. L’un d’eux, Renier, réforma l’abbaye Saint-Jean de Valenciennes et son fils participa à la croisade de Constantinople. Riches et puissants, les seigneurs de Trith furent longtemps en guerre avec ceux d’Aulnoy jusqu’à ce que Bauduin V, Comte du Hainaut, les obligeât à renoncer à leurs querelles en 1171. Dès la fin du XIIIème siècle, le château de Trith passe à la famille de Roeulx puis au Comte du Hainaut. En 1218, Trith et Maing étaient possédés par les mêmes seigneurs. Les sires de Roeulx étaient de ceux là quand, en 1322, Fastre vendit les deux seigneuries au Comte du Hainaut. En 1340, les Français attaquèrent en vain Trith défendu par le sénéchal du Hainaut. En 1436, Philippe le Bon confia à Simon de Lalaing les villages de Trith et Maing que Philippe IV d’Espagne céda en 1648 à JJ Demaisières.
Signalons encore que, lors du siège de Valenciennes en 1656, les troupes du Maréchal de la Ferté stationnèrent à Trith, à proximité duquel Louis XIV fit déployer son armée en 1676. La présence des Autrichiens en 1793 occasionna de grosses pertes aux habitants, tout comme en 1815, lors du siège de Valenciennes.
Une histoire marquée par le travail
La houille que l’on cherchait déjà à la fin du XVIII ème siècle et que l’on exploita en 1826, façonna avec la métallurgie et la sidérurgie le village de Trith-Saint-Léger. Trith a pris de l’essor suite aux recherches houillères sur son territoire ou dans le voisinage. Celles-ci durent débuter à la fin du XVIIIème siècle puisque la fosse Ernest était ouverte en 1826 à Trith (actuel territoire de La Sentinelle). A l’époque de la révolution industrielle Trith-Saint-Léger et La Sentinelle ne formaient qu’une seule commune. L’extraction du charbon a marqué l’activité économique.
Trith-Saint-Léger comme beaucoup de cités du nord de la France, a conservé la tradition des géants. Le géant trithois s’appelle Mononque Hubert. Il représente un artisan peintre jovial et travailleur. Géant du Nord, Il est classé à ce titre par l’UNESCO au patrimoine mondial.
Mais revenons au bord de l’Escaut. C’est ce canal qui “s’est pendu a cause d’un ciel si bas”. Il fallait bien tout le talent de Jacques Brel pour oser chanter cela. La voie d’eau a favorisé à l’endroit de Trith-Saint-Léger le développement de la métallurgie et de la sidérurgie. Trith-Saint-Léger avec son bassin d’emploi, qui s’étendait jusqu’à la campagne du Cambrésis, a conservé une image de marque liée au travail. C’est l’industrie qui a modelé l’urbanisme de Trith-Saint-Léger et fait croître sa démographie. Le recensement de 1803 signale 950 habitants.
Malgré des programmes de logements ambitieux la commune n’a pas retrouvé le nombre de 7612 habitants enregistré à la fin des années soixante.
S’agissant de l’urbanisme, il est caractéristique. Hormis un nouveau quartier construit dans les années 1980, les habitations, maisons ou cités, ont majoritairement une référence à l’industrie ou à ses activités annexe. Elles ont logé ou logent encore, les salariés ou les retraités de grands groupes tels USINOR ou ETERNIT ou de plus petites unités comme Métal-Escaut aujourd’hui LME. Si les hauts fourneaux sont tombés, victimes des différents plans de restructuration de la sidérurgie, il existe encore au centre ville une activité métallurgique. Il y a dans la commune une entité qui vit aujourd’hui à l’image des autres quartiers de la commune mais qui a vécu pendant un siècle en véritable hameau. Le quartier du Poirier est né de l’essor de la sidérurgie à Trith-Saint-Léger.
Aux heures les plus noires de l’histoire de France, celles où le régime de Vichy a mené une politique de collaboration avec le régime nazi, “Seule la classe ouvrière” comme l’a écrit François Mauriac, écrivain, “est restée fidèle à la nation profanée”. Les noms de Clotaire Colin, Jules Dupont, Fabien Dussart, Marcel Draux, résistants trithois, assassinés par les nazis, sont gravés dans la mémoire collective.
Des usines non pas à la périphérie mais dans la ville. Une référence au travail présente dans des domaines aussi différents que l’urbanisme ou dans l’histoire d’une fanfare qui s’est hissée au plus haut niveau pour recevoir le vase du le président de la République” Voilà des éléments de réponse à la question “Y a t’il une spécificité trithoise ?”
La reconversion industrielle a eu lieu. Ce n’est pas un hasard si le groupe PSA a implanté son usine de boites de vitesse à Trith-Saint-Léger. La crise de la sidérurgie et l’hémorragie d’emplois n’ont en rien altéré le savoir-faire de la population du Valenciennois. Le groupe Toyota a implanté dans cet arrondissement sa première usine française. Ce choix ne fait que consacrer au plan mondial la réputation de compétence, de savoir faire de la population. C’est à Trith-Saint-Léger, à l’usine Valdune, que sont usinées les roues du TGV. La zone industrielle accueille chaque jour des milliers de salariés œuvrant dans des domaines diversifiés. Ce sont là des exemples de l’importance du travail sur ces terres traversées par l’autoroute Paris Bruxelles. Cette réindustrialisation est allée de pair avec l’amélioration de l’environnement et du cadre de vie. Trith-Saint-Léger arbore sur les panneaux d’entrées de ville “une fleur” symbole des efforts consentis dans ces domaines.
qui font la cité,
ce sont les hommes”
Cette citation, extraite de l’oeuvre de Platon, illustre le passé et le présent de Trith-Saint-Léger. Une vie associative intense existe dans la commune. 24 associations sportives regroupent 3000 licenciés dans un Office Municipal des Sports (OMS). Chaque année à la date du 8 mai, la course internationale et populaire de la Paix rassemblent plusieurs milliers de personnes. Tout au long de l’année scolaire des intervenants sportifs travaillent dans les écoles. La médiathèque “Gustave Ansart” et La rénovation du théâtre des Forges “René Carpentier” ont donné un nouvel élan à la programmation culturelle. Des intervenants en musique et arts plastiques travaillent dans les écoles. L’université toute proche forme aux métiers d’aujourd’hui et de demain. A l’image de la société française d’aujourd’hui Trith-Saint-Léger n’avance pas sans difficultés. Le taux des familles touchant le RMI est élevé. Une action municipale volontariste dans le domaine social, sportif et culturel assure une cohésion de la population. Trith Saint Léger est partie intégrante de la Communauté d’Agglomération de la Porte du Hainaut (CAPH).
* tudesque : d’origine germanique